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Brève histoire du protestantisme à Brest

 

Trois siècles de protestantisme dans la région brestoise.

L’évêché de Léon est très peu touché par la Réforme au XVIe siècle. Seules quelques personnes isolées se convertissent au protestantisme avant de fuir ou d’abjurer pendant les guerres de religion. L’Edit de Nantes, dans ses clauses secrètes, interdit tout culte réformé dans les diocèses de Quimper et Léon. Les prêches les plus proches sont à Guingamp et Pontivy, à plusieurs jours de marche. Pourtant, à partir du milieu du XVIIe siècle, la ville de Brest accueille quelques protestants notables, essentiellement des officiers de Marine, àcommencer par l’amiral Duquesne.

 

                                               Paradoxalement, la véritable empreinte protestante sur Brest commence avec la                                                                       Révocation de l’Edit de Nantes, en 1685. Et cette marque est celle des fers. Les personnels                                                     de la Marine et leurs familles sont enfermés jusqu’à leur abjuration forcée, à l’exception de                                                     Duquesne. Le jeune enseigne de vaisseau Dobré de Robigny est ainsi détenu dans la                                                                 forteresse pendant plus de 10 ans. Son  « opiniâtreté » décourage les autorités et il est                                                           finalement expulsé vers l’Angleterre : Le château de Brest, comme la tour de Constance ou                                                     celle de Crest, est donc un lieu de mémoire de la fidélité à la Réforme. Plusieurs galériens                                                       pour la foi, déportés du Poitou ou de midi, servent sur les galères de la rade, entre 1685 et                                                     1688. Le bagne enfin, aujourd’hui disparu, voit encore la mort d’un prédicant poitevin, André                                                   Bridonneau, le 6 novembre 1750.

La renaissance du protestantisme à Brest est relativement précoce après 1815, dans le nouveau contexte de paix et de liberté religieuse du XIXe siècle. Il est d’abord le fait de résidents d’origine britannique, en particulier des épouses d’officiers un temps réfugiés ou prisonniers sur parole en Grande Bretagne. Ce premier noyau est rassemblé par le Consul du Royaume Uni à Brest, Sir Anthony Perrier, négociant issu d’une famille de réfugiés huguenots,  et prédicateur laïc marqué par le « Réveil » méthodiste. Un premier pasteur, Achille Le Fourdrey, arrive à Brest en 1832, soutenu initialement par la SociétéEvangélique de France. Recevant l’appui de la municipalité brestoise, il obtient même que Brest devienne un poste pastoral officiel, à la tête du consistoire de Bretagne (1852). Son successeur, Théophile Chabal, peut faire construire le premier temple. La congrégation réformée est alors forte de plusieurs centaines d’âmes, sans compter autant de techniciens écossais qui encadrent la grande usine linière de Landerneau.

 

Parmi les protestants brestois, on remarque au XIXe siècle un maire (J.B. Bellamy),

de nombreux officiers de Marine (dont J.B. Jauréguiberry qui deviendra ministre), un

peintre (L. Caradec), des architectes (Chabal), un professeur d’allemand au collège de la

ville (Kock), époux de la sœur de Juliette Drouet, qui reçoit la visite de Victor Hugo en

août 1834…La paroisse réformée, reconnue officiellement, soutient et accorde dès cette

année1834 une protection administrative aux missionnaires gallois qui initient des

communautés baptistes et méthodistes à Morlaix et Lorient/Quimper. Elle se constitue

en association cultuelle en 1906 et traverse le XXe siècle jusqu’à nos jours. Dans le cadre

de la reconstruction de la ville, le temple a été déplacé à sa situation actuelle, rue Voltaire.

 

De 1884 à 1940, une deuxième église protestante, initialement annexe de la Mission

baptiste de Trémel (Côtes-d’Armor), regroupe des auditoires populaires, hors les murs,

dans le quartier Saint-Martin, rue de Navarin. Le culte s’y fait en langue bretonne, sa

sensibilité y est nettement évangélique et elle rassemble une cinquantaine de personnes.

L’évacuation des habitants de Brest, lors de la seconde guerre mondiale, est fatale à cette

communauté. 

La troisième Eglise issue de la Réforme à Brest est l’Eglise chrétienne évangélique, qui vous accueille actuellement sur son site internet. Les prémices de cette communauté datent de 1938 quand s’établit dans la ville un pasteur pentecôtiste. Mais il faut attendre 1951 pour que l’œuvre prenne de l’essor, dans une ville en reconstruction, sous le ministère du pasteur Clément Le Cossec. Pendant les années 1950, le pasteur Léopold Guyot de 1956 à 1968. A partir de 1968, le pasteur Michel Pelletier développe durablement l’Eglise : un deuxième poste pastoral est créé pour prendre en charge l’assemblée de Lannion qui vient d’être créée, et surtout la communauté s’engage autour d’un vaste projet social : l’édification d’une maison de retraite pour personnes âgées à Linglas-Izella en Loperhet, qui est, en ses débuts, totalement le fruit de travail bénévole et de dons privés. A Brest, l’Eglise chrétienne évangélique achète, restaure et aménage un ancien local industriel qui devient son lieu de culte à partir de 1982. Les pasteurs Daniel Queinnec, Marc Antoine, Bruno Pelletier, Daniel Bodolec et Philippe Galchier s’y sont succédé jusqu’à aujourd’hui. Pour plus de précisions, le lecteur se reportera à l’historique plus détaillé ci-après.

Un des fruits les plus inattendus du ministère de Clément Le Cossec à Brest a été  la naissance de la Mission Évangélique Tzigane. Les premiers « gitans »  baptisés sur la grève de Saint-Marc en 1951 seront suivis par près d’un million d’autres, au fur et à mesure de l’expansion internationale du mouvement « Vie et Lumière », une des principales composantes aujourd’hui de la Fédération protestante de France. Depuis les années 1980, la mission tzigane a accompagné la sédentarisation progressive de ses fidèles en établissant des lieux de culte dans les grandes villes. Celui de Brest, actuellement rue de l’eau blanche, est chronologiquement la quatrième Eglise protestante de la ville.

Dernière communauté issue de notre église, l’assemblée évangélique de Loperhet qui se réunit dans les locaux de la maison de retraite « Les trois sources » s’est constituée en association cultuelle. Elle assure également l’encadrement de diverses activités sociales et diaconales : camps de jeunes, groupes de réinsertion, colonies de vacances…

 

L’Eglise réformée (Rue Voltaire), l’Eglise chrétienne évangélique (Rue Lesven), la Mission Vie et lumière (Rue de l’eau blanche) et l’Eglise évangélique de Loperhet sont membres de la Fédération protestante de France. L’Eglise protestante évangélique (route de Quimper) est membre de la Fédération évangélique de France.

Photos : en haut, portrait de l'amiral Duquesne, en bas, photo de Sir Anthony Perrier.

Visiter les sites pour plus d'information Protestants Bretons  et Le blog de Jean-Yves CARLUER

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